Référence : M-00096 Titre critique breton : Ar wrac’h Ahez Titre critique français : La vieille Ahès Titre critique anglais : Old Ahès Résumé :
La vieille Ahés arrive en notre pays.
[Refrain] : Portons grandes et petites pierres sur les routes.
Le vieillard disait sur le Méné Bré : – « Mieux vaudrait la famine et la peste qu’Ahés parmi nous.
À sa suite, les percepteurs d’impôts qui vous ruineront, la famine blanche comme la neige, la guerre cruelle vient ensuite avec les aigles, les loups et les corbeaux, la peste sur un chariot de bois conduit par la mort.
Après, je ne vois plus rien que les grands arbres sur la terre nue.
Thèmes :Contestations politiques Note :
[de La Borderie] :
Ahés = fiction personnifiant la puissance de Rome (à comparer à Marianne). Les voies romaines sont le plus souvent appelées Hent-Ahés. Les populations sont représentées aidant à la construction de ces voies et maudissant la tyrannie qui les contraint à cette œuvre.
M. de La Borderie soutient la thèse de l’authenticité de ce chant s’appuyant sur le témoignage de Penguern lui ayant précisé qu’il en avait lui-même recueilli une partie et Kerambrun une autre partie.
[de F.M. Luzel] : Celui-ci se dit persuadé qu’il s’agit d’un pastiche de Guillaume-René Kerambrun au nom de raisons tout aussi incertaines :
– Le chant n’a pas été recueilli par d’autres que Penguern-Kerambrun.
– D’autres pièces de la collection Penguern sont supposées de la main de Kerambrun.
[de Maodez Glanndour citant F. Vallée (traduction] : « Dans la collection Penguern, il y a un cahier au nom de Gwrac’h Ahez. Il n’est pas à la Bibliothèque nationale mais à celle de Rennes. Il avait été trouvé chez Durance, libraire d’ouvrages anciens, et m’avait été offert… On trouve dans le cahier Gwrac’h Ahez un brouillon prit auprès du chanteur par Mme de Saint Prix et une recopie de Kerambrun… Le brouillon était extrêmement difficile à déchiffrer. On a reproché à Kerambrun d’avoir écrit lui-même tout ce chant. Il a plus vraisemblablement refait une partie des vers, ceux qui étaient illisibles dans le brouillon de Mme de Saint Prix. »
Ce dernier témoignage va dans le sens de M. de La Borderie et amoindri singulièrement l’argument de Luzel s’appuyant sur le fait que nul autre que Kerambrun-Penguern n’avait recueilli le chant.
On sait d’ailleurs la valeur de ce genre d’argument. Ainsi Luzel disait : « J’ai commencé une collection en 1844 et j’ai toujours cherché depuis. J’ai exploré la commune de Prat qui était celle de Kerambrun… Et je peux affirmer que peu des chansons qu’il était possible d’y trouver ont dû m’échapper. »
La différence est dans ce « peu » -là, puisque Luzel se trouve pris en défaut avec un chant comme la gwerz sur la mort du fils aîné de Kerguezec-Kericuff (M-00135). Et pourtant ce chant avait déjà été recueilli par Mme de Saint Prix et est encore aujourd’hui collectable dans le même secteur. Luzel n’est donc pas arrivé trop tard, il est simplement passé à côté…
Et puisqu’il y a procès d’intention et d’authenticité chaque fois qu’une pièce de caractère national, voire nationaliste, apparaît alors qu’on ne note aucune réaction dans le cas contraire, il serait peut-être juste de se demander s’il n’y a pas eu volonté délibérée de fermer les yeux sur des pièces considérées comme gênantes…(?), ou tout au moins, volonté de ne pas les chercher ni solliciter les mémoires dans cette direction.
Faute de meilleures preuves, il est difficile de se forger une opinion. La note de Maodez Glanndour semble faire tomber les arguments de Luzel. Il faudrait voir le texte exact de Mme de Saint Prix.