Chantons la vie d’un vieux saint mais ne prenons pas un air de passe-pied pour un sujet si pieux. Il donna ses habits à un mendiant et s’en alla assister au sermon en bras de chemise. En le voyant jambes nues, le prédicateur le chassa comme un animal. Il fut poursuivi à coups de fouet. On lui jeta des pierres et de la boue. Il jura à son père qu’il avait donné ses habits à Dieu mais son père lui fendit la tête. Quand il vit qu’il ne pouvait pas faire son devoir de Chrétien, il s’en alla chercher refuge dans les bois avec son chien blanc. Son chien volait du pain chez les boulangers pour son maître. La peste les sépara. Un ange vint le chercher pour le conduire au Paradis près de Saint Meen. Mais de cette belle place il avait du chagrin quand il voyait saint Alar près de son cheval, saint Antoine avec son cochon, le prophète Elie au milieu de ses corbeaux alors que son bon chien gémissait dans les bois.

Texte de F. Guenveur (1748-1828).